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La politique d’Israël à Jérusalem inquiète les Européens

photo Xavier Malafosse pour ONU

Laurent Zecchini - Le Monde, jeudi 19 janvier 2012

La colo­ni­sation à Jérusalem-​​Est sape les chances de paix, selon les consuls des Vingt-​​Sept
La clé d’un futur accord de paix israélo-​​palestinien est la question de Jéru­salem : si la Ville sainte n’est pas reconnue comme la capitale de deux Etats, il n’y aura pas de paix. Ce rappel figure en exergue du rapport sur Jérusalem-​​Est rédigé par les consuls généraux des vingt-​​sept Etats euro­péens, dont Le Monde a obtenu une copie. Or, " si la ten­dance actuelle se poursuit, la pers­pective de Jéru­salem capitale de deux Etats devient de plus en plus impro­bable et impra­ti­cable, affai­blissant la solution de deux Etats ", insiste le texte.
Le paradoxe de ce rapport annuel, qui sou­ligne une très nette dété­rio­ration de la situation des Pales­ti­niens à Jéru­salem en 2011, est qu’il béné­ficie d’un accord unanime des chefs de mission euro­péens en poste à Jéru­salem. Pourtant, une fois arrivé à Bruxelles, il pro­voque inévi­ta­blement des dis­sen­sions entre repré­sen­tants des capi­tales euro­péennes, ce qui explique qu’il n’est jamais publié officiellement !
Cet exercice com­mu­nau­taire n’engendre pas l’optimisme : un règlement de paix est d’autant plus impro­bable que le gou­ver­nement de Benyamin Néta­nyahou ne cesse de répéter que Jéru­salem est et restera la " capitale indi­vi­sible et éter­nelle " d’Israël.

Le constat des Euro­péens est sans appel : " Israël per­pétue de façon active l’annexion - de Jérusalem-​​Est - en affai­blissant sys­té­ma­ti­quement la pré­sence pales­ti­nienne dans la ville, par l’expansion des colonies, une pla­ni­fi­cation res­trictive, la pour­suite des évic­tions et démo­li­tions, une poli­tique inéqui­table en matière d’éducation, un accès dif­ficile aux soins médicaux, des pres­ta­tions et des inves­tis­se­ments insuf­fi­sants, et la pré­carité du statut de résident - de Jérusalem-​​Est - . "
L’autre volet de cette poli­tique, estiment les Euro­péens, ce sont les efforts pour " sou­ligner l’identité juive de la ville, au détriment de ses habi­tants musulmans et chré­tiens - qui - menacent sa diversité reli­gieuse et four­nissent des argu­ments à ceux qui veulent radi­ca­liser davantage le conflit, avec des réper­cus­sions poten­tielles à la fois régio­nales et glo­bales ". L’axe pri­mordial de cette stra­tégie, c’est la colo­ni­sation : l’objectif constant des auto­rités israé­liennes est de faire en sorte que les Pales­ti­niens ne dépassent pas 30 % de la popu­lation de Jérusalem.


Expulsions et démolitions

Comme ils repré­sentent aujourd’hui 37 % de ses 790 000 habi­tants, les gou­ver­ne­ments israé­liens suc­cessifs ont fait en sorte de favo­riser la colo­ni­sation israé­lienne. Ainsi, à Jérusalem-​​Est, 35 % des ter­rains appar­tenant aux Pales­ti­niens ont été expro­priés. Le rapport dresse un constat minu­tieux de l’avancée des colons, tant dans la Vieille ville de Jéru­salem (où vivent 3 500 colons), sur le mont des Oli­viers, les quar­tiers pales­ti­niens intra-​​muros et les abords de Jéru­salem, le but étant d’isoler la Ville sainte de la Cisjordanie.

Cette poli­tique gou­ver­ne­mentale dispose de la logis­tique finan­cière de deux orga­ni­sa­tions, Ateret Cohanim et Elad, qui rachètent les pro­priétés pales­ti­niennes et favo­risent l’expulsion de leurs occu­pants. Le rapport insiste sur " l’utilisation de l’archéologie comme outil poli­tique et idéo­lo­gique " (les fouilles per­mettent une jus­ti­fi­cation his­to­rique des expul­sions), et rap­pelle que, faute d’un nombre suf­fisant de permis de construire, les Pales­ti­niens sont contraints de bâtir de façon illégale.

Résultat : 1 500 maisons pales­ti­niennes sont aujourd’hui menacées par un ordre de démolition.

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